Conférences

"REPENSER LE TRAVAIL"

Samedi 7 octobre 2017, de 14 h à 15 h 30, 

Hôtel de ville de Saint-Etienne, 

salle Aristide Briand


Dans le cadre de la Fête du Livre de Saint-Etienne, l'association de philosophie "Aussitôt dit" organise un débat autour du thème :

"REPENSER LE TRAVAIL"

Trait caractéristique du monde moderne, la place du travail est centrale dans la vie de chacun d’entre nous comme dans l’organisation d’ensemble des sociétés. La perspective de sa raréfaction croissante soulève des inquiétudes à la mesure de ce rôle fondamental. Mais les questions qui se posent aujourd’hui à son propos ne se résument pas au seul problème quantitatif de l’emploi, si important soit-il. S’il paraît peu vraisemblable que le travail soit en voie de disparition, nul doute, en revanche, qu’il fasse actuellement l’objet de très profondes transformations. 

Facteur de production, source de revenus, lieu de sociabilité, principe de reconnaissance sociale : toutes les dimensions de la réalité complexe du travail sont affectées par les changements en cours.  Sur le plan économique et technologique, les activités de services tendant, à des degrés variables selon les régions du monde, à remplacer la production industrielle, le travail manuel, avec sa charge d’effort physique et son rapport direct à la matière, cède le pas au travail intellectuel ou à des fonctions de contrôle, à un rapport plus médiatisé à l’environnement. Dans l’ordre des statuts juridiques, l’emploi salarié stable et à plein temps est de plus en plus concurrencé par diverses formes de travail à temps partiel, d’emplois précaires ou intermittents, ou encore d’auto-entreprenariat. Quant à l’organisation du travail, sous la forme du management, elle fait prévaloir la mobilité et la flexibilité, et favorise bien souvent la compétition davantage que la coopération.

Ces mutations multiples et les tensions qui les accompagnent brouillent les distinctions classiques : quelles nouvelles catégories, quels nouveaux indicateurs pouvons-nous construire pour appréhender la réalité extrêmement mouvante qui est aujourd’hui celle du travail ?

Face aux effets pathologiques de ces transformations – à la progression de la souffrance au travail dans ses différentes manifestations, mais face aussi à son hétérogénéité nouvelle, qui nourrit les discriminations envers les migrants, les femmes, les jeunes ou les vieux, et à la polarisation croissante entre « travail riche » et « travail pauvre », quelles normes nouvelles imaginer et à quel niveau – national ou international, par exemple – trouveraient-elles leur meilleure efficacité ?

Face à l’individualisation des parcours professionnels, à la fragmentation croissante du monde du travail, quelles revendications formuler ? Quelles formes de lutte inventer ?

Le compromis social du capitalisme industriel offrait en contrepartie de la subordination salariale, avec un travail protégé et assuré, une certaine indépendance à ceux qui en bénéficiaient. Peut-être est-il en train de devenir caduc. Faudra-t-il alors se cantonner à la défense d’un « travail décent » ? Ou bien, peut-on espérer que les bouleversements en cours permettent de prendre en considération des formes de travail jusqu’alors marginalisées (comme le travail domestique ou le travail artistique) et de faire émerger un « travail épanouissant », vecteur d’émancipation ? 

Avec

Jean-Yves BONNEFOND, docteur en psychologie du travail (CNAM)

Carole GIRAUDET, juriste, Groupe de recherche pour un autre Code du Travail

Michel LALLEMENT, professeur de sociologie au CNAM

Le débat sera animé par Christine BERTON (La Rotonde-Ecole des Mines)