Une Plongée dans la Nuit Européenne des Chercheur.e.s 2022

Publié par Héloïse Kordic, le 28 octobre 2022   600

Étudiantes en deuxième année de Master de Sociologie, nous nous sommes intéressées à la Nuit Européenne des Chercheur.e.s se déroulant à Saint-Étienne, à la Cité du Design, ouverte au public de 18h à 23h le 30 septembre 2022. Cet évènement avait pour objectif de favoriser la rencontre entre le "grand public" et les scientifiques tout en montrant la diversité du milieu de la recherche.

Avec les voix de Cindy Shalaby et Aourell Lanfrey - La Rotonde

Dix-sept heures cinquante-cinq ; tout le personnel organisateur de l’évènement s’agite : vacataires, doctorants et enseignants chercheurs font des allées et venues, jettent des regards en attendant l’arrivée des premiers visiteurs. Dix-huit heures ; doucement, les premiers curieux arrivent. Un homme, la cinquantaine, emmitouflé dans une doudoune bleue se présente avec entrain au poste d’accueil. « C’est bon, vous êtes badgés ? », lui lance la jeune fille à l’entrée. L’homme brandit le bracelet autour de son poignet, précieux sésame pour pénétrer dans les locaux de l’exposition. Ils discutent un peu, elle lui explique qu’elle est étudiante à l’IAE et vacataire à l’accueil pour la soirée. Elle lui présente les différents stands installés de part et d’autre de la Cité du design. Derrière elle, on entend sa collègue discuter avec un autre monsieur : "ouais, cet évènement est super intéressant, j'ai hâte que des gens arrivent car ça leur permet de découvrir les sciences !". Il a sans doute plus de la quarantaine et semble être un chercheur. "Cet endroit permet d'ouvrir, de montrer les projets de recherche", affirme-t-il aux jeunes filles.

Ils sont quatre à l'atelier de réalité virtuelle. Deux personnes ont environ une quarantaine d'année, l’un a des cheveux grisonnants tandis que l'autre a des cheveux noirs. Les deux autres sont plus jeunes, ils ont environ une vingtaine d'année, l'un a les cheveux blonds, l'autre bruns. Ils sont peut-être en thèse, jeunes chercheurs ou encore chercheurs confirmés. Ils attendent de présenter leur atelier et échangent sur comment ils vont procéder. Petit à petit, les premières personnes arrivent. Une petite fille d’environ six ans essaie le casque de réalité virtuelle. Elle tente de ramasser des objets au sol mais semble un peu perdue : "Je dois bien ramasser le paquet de chips ?" dit-elle finalement à l'adulte se trouvant à ses côtés. "Oui c'est ça, il faut juste que tu fasses un peu plus franchement le mouvement". Elle conclue finalement par un : "C'est trop génial ces activités papa !". Le chercheur complète en disant que ce casque de réalité virtuelle et cette simulation sont présents à but thérapeutique.

Il y a la queue à l’atelier de réalité virtuelle, qui remporte visiblement un franc succès. Une famille avec un petit garçon et une pré-adolescente attend son tour. Tout à coup, l’attention du plus petit est portée vers le casino : « Oh papa, il y a un casino, on peut ?? ». Alors que le père tente de lui demander d’attendre un peu, la jeune fille s’écrie : « Oh c’est de l’argent, moi j’y vais !! », qui s’élance en courant vers le stand. Toute la famille la suit.

Crédits photos : Pierre Grasset - La Rotonde

"Allez-y instinctivement !". Des personnes de tout âge sont au comptoir du casino : elle a environ la trentaine, elle est peut-être mère au foyer, quant à lui, il a environ la cinquantaine et travaille à l'usine, ou encore cette jeune fille qui vient tout juste de finir ses années universitaires. Mais c'est une femme blonde qui a environ quarante ans qui discute avec les deux chercheuses du casino afin d'avoir des précisions sur comment se passe le réchauffement climatique. Un autre homme se dirige vers le casino. Il n’est pas seul : il est rapidement rejoint par deux autres hommes, du même âge environ, qui s’approchent du stand avec intérêt. Par exemple, il est possible ici de devoir choisir entre trois documents, et tenter de trouver lequel est le mieux sécurisé. Un peu plus tard, on entend distinctement un homme s’écrier avec enthousiasme : « Ah bah je mise 2000 sur celle-là ! ». « Celle-là c’est la plus dure ! La photo date de 2 ou 3 ans. C’est un tremblement de terre. Vous êtes capable de deviner ma discipline ? ». Le chercheur le met au défi, le visiteur hésite. Après un temps de réflexion, il se jette à l’eau : « Euh… De la retouche photo ? ». « Ouais, presque, je suis informaticien. »

Un peu plus loin, profitant d’un temps mort sur leur atelier, un groupe composé de plusieurs jeunes hommes et d’une jeune fille s’amusent à faire des grimaces pour mettre à l’épreuve l’écran plat face à eux : doté d’une caméra, il reconnaît les visages et détecte le passage des humains en les entourant d’un cadre à l’image. La plaisanterie ne dure cependant pas bien longtemps, des visiteurs arrivent au loin. « Bon faut qu’on retourne au taf ‘ ! » s’esclaffe la jeune femme. Le groupe se disperse dans un rire, et chacun reprend son poste.

En face de l’entrée, juste derrière la brocante, se trouve une intrigante table lumineuse. Un peu plus tôt dans la soirée, on voyait par exemple une multitude de couleurs apparaître et ses succéder les unes après les autres. A ce moment-là, une femme, environ la quarantaine, avec une coupe au carré et un manteau jaune frappe joyeusement sur les notes de musique qui défilent. La mélodie résonne et emplit tout l’espace des alentours du stand. « A quoi ça sert ? », elle finit par demander, curieuse, après s’être arrêtée de jouer et avoir repris son sérieux. La chercheuse lui explique ce genre de système est notamment utilisé pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. La chercheuse a la trentaine, des cheveux blonds et est de taille moyenne. Elle est accompagnée d’un homme de grande taille aux cheveux noirs, qui a lui aussi fait des études dans le domaine thérapeutique. Ils expliquent plus tard leur initiative à un homme beaucoup plus âgé : "On a pris des images de patients malades avec l'IRM, un médecin verrait tout de suite le problème alors que les personnes qui ne travaillent pas dans le domaine médical non. C'est pour ça qu'on a représenté ça de manière "ludique", pour que tout le monde puisse le voir".

Elle est ingénieure d'étude en physiologie, elle se trouve au milieu de la pièce et elle semble présenter le fonctionnement des virus sur le corps humains mais comment, aussi, ceux-ci deviennent "visibles" grâce à la science. Elle a les cheveux marrons et la quarantaine. Elle discute avec un vieux monsieur qui est un ancien ingénieur lui aussi, il est à la retraite aujourd'hui et prend des nouvelles des avancées de la recherche. On entend des bribes de leur conversation "(...) On déshydrate et ensuite on les revend. On a des grilles où on dépose les échantillons avec de l'eau que l'on extrait ensuite. Sur l'image on voit bien qu'il y a six virus, pour les voir on a coloré pour contraster l'échantillon et enfin on a les plaquettes sanguines." L'homme qui porte un long manteau noir et des lunettes noires hoche la tête à la suite de ses paroles. Il a étudié à l’École des Mines et cet évènement lui plait beaucoup, c'est pour cela qu'il est ici.

Crédits photos : Pierre Grasset - La Rotonde

C'est une mère de famille, elle est venue à l'évènement avec son fils, sa fille et son mari. Seule la mère parle français, le reste de sa famille dialogue en anglais. Elle annonce à l'une des chercheuses : "C'est bien cet évènement, ça nous sort et ça permet aux enfants de se défouler". A côté, au stand de jeux pour enfants, un tout petit écoute avec attention l’animateur. D’abord, « il faut trouver Bzz Bzz l’abeille… ». Après quelques efforts, l’enfant réussit sa mission, sous les félicitations de l’animateur. Ses pères observent avec attention et sourient. Petit à petit, d’autres parents accompagnés de leurs bambins participent à l’activité. « Vous connaissez la différence entre les fruits et les légumes les enfants ? », leur demande l’homme. « Les légumes, c’est pas bon ! » intervient en plaisantant un jeune père en jean et en sweat rouge. Tous les parents éclatent de rire. L’animateur finit par expliquer : « Une graine de carotte, quand tu la plantes, ça fait une carotte ! Alors qu’une pomme, tu vois, y a Bzz Bzz qui arrive, qui met du pollen sur la fleur… et ça fait une pomme ! ».

Elle est certainement au collège, elle est ici avec sa mère et sa grand-mère. Elle est à l'atelier "physique" ou "sport", où se trouvent de grosses boules bleues qui permettent de s'entrainer à tenir en équilibre. Elle s'exclame : "Maman, maman regarde c'est ce que je te disais que l'on faisait à la gym !". On lui met ensuite des ventouses sur les bras pour créer des stimulations électriques sur ses muscles. « Sur cet atelier on veut travailler le sixième sens qui est l'équilibre », affirme la chercheuse à tous ceux s'arrêtant d'un air interloqué. La jeune fille est ensuite couverte de capteurs aux chevilles. "En fait vous ne le voyez pas mais ça tonifie son muscle", dit la chercheuse à la mère et à la grand-mère de l’adolescente, "on stimule les fibres du muscle".

Un peu plus loin deux jeunes enfants chahutent sur des coussins disposés au centre du square. Ils se poussent, se renversent, puis se mettent à courir l’un derrière l’autre. Malgré tout, ils ne crient pas et paraissent plutôt bien s’amuser. Pendant ce temps, une jeune maman avec une poussette discute avec une chercheuse à côté d’un des trois tableaux blancs alignés le long du square. La chercheuse lui demande comment elle a pris connaissance de l’exposition : « Mon mari est ingénieur à la Cité du Design », lui répond-elle. C’est pour cela qu’elle est présente aujourd’hui, et elle est ravie d’avoir pu amener sa famille.

A l’intérieur du planétarium, on peut entendre : "Ce sont les étoiles que l'on voit ?" suivi d'une réponse du chercheur. La voix est toute petite, c'est un enfant, et l'on entend une intonation qui trahit son émerveillement. Il a peut-être 4 ans, 5 ans ou encore 6 ans et il est venu pour la première fois à la rencontre des chercheurs.

Deux adolescentes discutent au bistrot avec un jeune doctorant en physique. Il leur présente de façon très pédagogique le fonctionnement de la lumière. Elles semblent perplexes, mais soudain, leur visage s’éclaire : elles ont compris ! Le jeune chercheur s’exclame : « Ah, si vous aimez ça, c’est que vous aimez la physique alors ! ». A la table d’à côté, une doctorante brune en trench discute avec son collègue, mais son attention est captée par la scène. Elle rejoint alors la discussion et s’écrie joyeusement : « Si vous aimez la physique, ramenez-vous ! », ce que tous les autres doctorants présents approuvent d’un hochement de tête. Les jeunes adolescentes posent alors des questions sur la thèse et le quotidien d’un doctorant. Un des leurs ironise : « Ce sont que les doctorants qui font la recherche ! ». Mais qu’est-ce que c’est, faire de la recherche ? Le doctorant en physique leur répond simplement : « Faire de la recherche, c’est poser des questions ».

Héloïse Kordic et Ophélie Tavaglione