L'orthographe - Billet inclusion #02

Publié par Cindy Shalaby - La Rotonde, le 8 mars 2023   560

Aaaaaaahhh, l'orthographe... si je vous parle de dictée, je suis sûre que je provoque chez certaines personnes des sueurs froides ! Qu'on la bichonne ou qu'elle nous torture, l'orthographe nous laisse rarement indiférent·e.

La langue française est souvent considérée comme une langue complexe. Mais l'orthographe, ce n'est pas la langue ! C'est uniquement le code graphique  qui permet de la retranscrire. Et c'est cette orthographe qui donne généralement le plus de fil à retordre...

Prenons un exemple. Si je vous donne le son "ssss", comme dans "serpent" : à votre avis, de combien de façons peut-on écrire ce son en français ? A l'inverse, de combien de façons peut-on prononcer la lettre "s" ?
 
Je vous laisse réfléchir....
 
Encore un peu...
 
Pour obtenir la réponse, je vous invite à visionner l'excellente vidéo d'Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, deux linguistes qui décortiquent l'orthographe avec humour (18min).
Pour les personnes qui ne peuvent pas attendre, la réponse se trouve à partir de 02:03.

Aviez-vous trouvé le "juste nombre" ? Personnellement, j'étais loin du compte !

Notre rapport à l'orthographe est très bien analysé dans l'épisode "A qui la faute ?" du podcast 
"Parler comme jamais". En compagnie de la linguiste Laélia Véron, des deux linguistes de la vidéo précédente et de l'enseignante Cécile Mallot, ce podcast pointe du doigt l'impact des fautes d'orthographe sur nous, sur notre rapport aux autres...

Quand vous faites une faute, on ne juge pas votre orthographe : on vous juge, vous, sur base de votre orthographe - Arnaud Hoedt

Pour éviter ce jugement, les personnes qui ont des difficultés avec l'orthographe peuvent trouver de nombreuses méthodes d'évitement pour ne plus avoir à écrire. Cécile Mallot parle par exemple de certain·es de ses élèves qui utilisent continuellement la fonction dictaphone pour "écrire", même pour faire une recherche sur internet : pourtant, ce texte n'est lu par personne, à part par celle qui écrit.


L'un des points qui m'a le plus marqué est que la langue a volontairement été complexifiée pour des raisons sociales. En 1694, dans les cahiers préparatoires du tout premier dictionnaire de l'Académie Française, il est écrit "L'orthographe servira à distinguer les gens de lettres des ignorants et des simples femmes". C'est pour cette raison que l'Académie a choisi les variantes orthographiques les plus compliquées*.

C'est également ce genre de raisonnements qui ont amené à des réformes de l'orthographe, comme la fameuse règle du "masculin qui l'emporte sur le féminin". Le choix de cette règle, autrefois appelée « le genre le plus noble l’emporte », a été justifié de la façon suivante : « Le genre masculin, étant le plus noble, doit prédominer toutes les fois que le masculin et le féminin se trouvent ensemble. » (source).

Et ces réflexions peuvent nous amener au sujet (sensible) de l'écriture inclusive... mais ça,
ce sera pour un prochain billet !

D'ici là, je vous souhaite une belle journée curieuse !

Merci beaucoup d'avoir lu ce premier billet sur la thématique de l'inclusion ! J'espère que cela vous a plu/intéressé.

Si vous avez des idées de sujets de billets ou des thèmes (plus ou moins précis) sur lesquels vous aimeriez avoir davantage d'informations, vous pouvez également me les transmettre.

*Voir la vidéo ou écouter le podcast pour plus d'informations.