La Loire, des hauts de Saint-Galmier à l'Ecopôle de Chambéon

Publié par Christine Berton, le 15 décembre 2016   3.1k

Sur les hauteurs de Saint-Galmier, à une centaine de kilomètres du Mont Gerbier de Jonc où elle jaillit, la Loire serpente au creux d'une plaine cernée de reliefs plus marqués. Plus loin, à Montrond les Bains, ses sédiments ont formé des terrasses. A Chambéon, ses rives, aujourd'hui réhabilitées après l'exploitation d'une gravière, offrent gîte et couvert aux oiseaux et poissons !

Frédéric Paran et Jordan Ré-Bahuaud sont ingénieurs de recherche à l'Ecole des Mines de St-Etienne. Si Frédéric étudie notamment les échanges entre les cours d'eau et les eaux souterraines, Jordan a quant à lui fait sa thèse sur la caractérisation de la ressource en eau sur la Plaine du Forez.

Que nous dit l'observation d'un paysage de son évolution ? Quelles empreintes l'eau laisse-t-elle comme autant d'indices pour comprendre le passé ? Comment la recherche permet-elle de mieux comprendre les enjeux de la gestion de l'eau et de nous alerter sur les conséquences et risques liés à l'incision de son lit ?

Des questions qui trouvent réponses lors d'une balade observation le long du fleuve, de St-Galmier à Chambéon...


Sortie de terrain

Si la recherche se fait en labo, elle ne fait pas pour autant l'économie de l'observation in situ. Un travail qui, comme le souligne Frédéric Paran enrichit la connaissance livresque et théorique et permet au scientifique de repérer les lieux les plus adaptés à ses recherches.




Lire un paysage

Entre Saint-Galmier et Chazelles sur Lyon, les deux chercheurs ont repéré un point d’observation qui surplombe le bassin d'effondrement de la Loire. De là, en regardant le relief ou en décryptant une carte, ils apprécient les formes géologiques en présence et la manière dont, au fil du temps, une petite mer intérieure s'est comblée de sédiments pour modeler le paysage qui aujourd'hui s'offre à nos yeux.



Evolution

Des monts, des coteaux, une plaine,... En observant le paysage ou en en dessinant une coupe, Frédéric Paran et Jordan Ré-Bahuaud donnent à voir et à comprendre l'évolution de la Loire et les grands bouleversements qui jusqu'alors ont façonné ce site.



Un fleuve fragilisé

A Montrond-les-Bains, c’est sur les bords de Loire que nous nous retrouvons pour une plongée à ciel ouvert dans les temps géologiques ! D’un côté, le fleuve, de l’autre ses anciennes terrasses formées au quaternaire qui nous surplombent de plusieurs mètres et qui, toujours traversées par les eaux de pluie, continuent d'alimenter le fleuve…

Dans la Plaine du Forez, l’incision du lit de la Loire est observée avec attention par les chercheurs qui s’inquiètent de sa lente mais continuelle érosion. En cause, les barrages de Grangent en amont et de Villerest en aval et l’exploitation intensive des matériaux que charrie le cours d’eau.



Mesurer pour mieux connaître

Si le repérage de terrain permet d'enregistrer les formations pouvant contenir de l'eau exploitable, les mesures affinent l'information.

A Chambéon, Jordan Ré-Bahuaud sort de son coffre divers instruments de mesures pour étudier le niveau des eaux souterraines, le sens de leur écoulement et leurs propriétés physiques.



Le fleuve, un lieu de vie(s)

A Chambéon où s'achève notre balade observation, des travaux sur le site d'une ancienne gravière ont été entrepris il y a une trentaine d'années. Les aménagements ont rapidement permis à la faune qui les avait désertés de se réapproprier le fleuve et ses abords. Une biodiversité retrouvée et protégée grâce à la diversification des milieux : retalutage des berges pour augmenter l'interface terre-eau, installation de vannes pour une gestion du niveau d'eau favorable aux besoins des oiseaux,...